Facilitation : posture ou imposture ?

Facilitation : posture ou imposture ?

De plus en plus aujourd’hui, nous entendons parler de facilitation, de manager-facilitateur, de facilitateurs d’ateliers collaboratifs, de consultant-facilitateur etc. Si bien qu’on se demande “Mais qui n’est pas facilitateur ?” Et surtout, “à quoi sert un facilitateur si tout le monde l’est déjà ?”

Qui n’a pas déjà assisté à un atelier type “atelier de créativité”. Un atelier avec des tonnes de post-it et des crayons de toutes les couleurs, 10 minutes pour être créatif, 5 minutes pour sélectionner des idées, des beaux dessins, des fioritures mais au final rien de concret et toujours la même rengaine ? Oui dans ce contexte, on peut se demander quel est l’intérêt de la facilitation.

Certaines personnes ont surfé sur la vague du développement de ces pratiques collaboratives et se sont décrétées “facilitateur”. Seulement, ils sont à mon sens plus dans une posture d’animateur d’atelier (qui bien réalisée est très riche, et mal réalisée assez inutile) que je considère — dans tous les cas — comme étant une posture bien différente de la facilitation.

Donc finalement la facilitation c’est quoi ? Et les facilitateurs, c’est qui ? YouMeO vous livre sa vision.

Le rôle de facilitateur

Vous vous posez surement une question : concrètement un facilitateur c’est quoi ? Un animateur ? Un coach ? Un formateur ? Ou un mélange des trois ? Bien que la question paraisse assez simple, on se perd vite dans cette liste de métiers qui se ressemblent. Nous pourrions faire la distinction de la manière suivante :

Si l’on regarde bien ce schéma, l’interaction du facilitateur avec les participants est différente du formateur et de l’animateur dans le sens où il n’est pas le sujet, la cause ou la source de l’interaction. C’est-à-dire que le facilitateur pourrait même devenir invisible, il ne changerait pas la nature des interactions, l’histoire pourrait être racontée sans qu’il ne soit mentionné une seule fois.

Finalement l’objectif du facilitateur c’est d’amener le groupe à être plus efficace, à avancer ensemble dans une direction commune. Et pour ce faire, le rôle du facilitateur est de créer un cadre et les conditions nécessaires pour permettre à l’intelligence collective d’émerger et de se surpasser.

C’est le métier de YouMeO puisque nous sommes des accélérateurs de l’innovation dont le métier est d’accompagner des groupes à travers des démarches collaboratives, non pas en leur apportant une expertise sur leur métier, mais en créant le cadre propice au développement de leurs propres solutions.

La posture du facilitateur
Pour atteindre cet objectif, le facilitateur doit adopter une posture particulière et respecter certains grands principes qui sont les suivants :

  • La neutralité : le facilitateur étant autour, cela signifie qu’il n’intervient pas dans le contenu des sujets abordés bien qu’il les comprend pour créer le bon cadre. Ainsi, il est indispensable que le facilitateur soit dans une posture neutre, ne pas avoir d’obligation de résultat pour pouvoir uniquement se concentrer sur la méthode. Si le facilitateur éprouve un intérêt à ce que le groupe prenne une direction plutôt qu’une autre, on rentre dans un biais méthodologique qui mènerait à un processus manipulatoire.
  • L’empathie : le facilitateur est quelqu’un qui doit faire preuve d’empathie et d’écoute. Il doit pouvoir lire entre les lignes en amont du temps fort collaboratif pour capter l’état d’esprit des participants et préparer un design d’atelier adéquat. Il doit aussi capter les signaux faibles et l’énergie du groupe pendant l’atelier pour adapter son langage et le cadre qu’il a créé pour qu’il soit toujours le plus pertinent possible.
  • L’adaptabilité : Un facilitateur doit en permanence être dans la remise en question, à l’écoute de son environnement et faire preuve d’une grande adaptabilité. Bien qu’un design de temps fort se prépare, il peut aussi changer à la dernière minute, surtout si la facilitation se fait sur une longue période. Admettons que sur une première journée de séminaire, le facilitateur ait jugé que les participants étaient suffisamment aguerris pour les laisser s’auto-organiser, sa facilitation sera légère dans le sens où il donnera assez peu de contrainte de forme aux participants. Cependant, grâce à se capacité d’écoute et son empathie, la facilitateur décèle au cours de cette première journée une certaine incompréhension. Bien que les participants ne l’expriment pas forcément ils sont un peu perdus et auraient besoin de plus de cadre. Une constatation qui naturellement amène le facilitateur à complètement repenser les formats d’animation pour la suite du séminaire, en changeant de posture et se faisant plus présent, donnant des consignes plus précises ou même en changeant d’exercice. Si cet exemple met en avant un changement de format, cela peut être la même chose pour du contenu. Certains facilitateurs vont même jusqu’à ne pas prévoir le contenu détaillé des exercices positionnés en milieu ou fin de séminaire car ils savent que ce contenu va dépendre des premiers éléments ressortis en début de séminaire. En d’autres termes, faciliter c’est aussi jouer avec l’incertitude.

Les 2 niveaux de facilitation

L’image classique que nous avons de la facilitation est de la facilitation d’ateliers. Mais en réalité, au delà de l’animation d’ateliers ponctuels, nous pouvons distinguer 2 niveaux de facilitation.

Niveau 1 : la facilitation de temps forts
A ce niveau le facilitateur va intervenir de manière assez ponctuelle (quelques jours) souvent au cours d’une démarche plus globale. Cela consiste en la facilitation de temps forts collaboratifs prenant quelques heures à plusieurs jours. Ce type de facilitation nécessite un temps de préparation important entre le facilitateur et le client. Le facilitateur doit comprendre le contexte et les enjeux de l’entreprise en profondeur pour pouvoir co-construire “LE” temps fort qui s’adaptera parfaitement aux participants et qui s’inscrira au mieux dans la démarche, c’est ce qu’on appelle la phase de co-design. En général, cette méthode est utilisée dans le cadre de séminaires stratégiques ou dans le cadre de projets plus opérationnels. Par exemple lorsqu’on souhaite débloquer une situation conflictuelle ou difficile, lancer un projet ambitieux, créer une dynamique collective…

Niveau 2 : La facilitation dans la durée
La facilitation dans la durée quant à elle s’inscrit dans une démarche globale qui dépasse souvent la dimension d’un projet. L’objectif étant souvent de changer des modes de fonctionnement de l’entreprise en profondeur ou bien de mettre en place des projets extrêmement complexes qui ont un très fort enjeu stratégique. A ce stade, le facilitateur utilise les techniques d’animation de groupe, de facilitation de temps forts mais doit également faire perdurer la dynamique dans le temps. Pour cela, il co-design avec le client une démarche globale qui alterne en général entre temps forts collaboratifs et accompagnement à distance.

Ainsi on peut faire appel à la facilitation dans différents cas, que ce soit dans le quotidien pour améliorer certaines pratiques, au cours d’un projet pour un temps fort d’intelligence collective ou même dans un objectif de transformation de l’entreprise. Notre vision chez YouMeO, c’est que la facilitation ne se limite pas à l’animation d’ateliers créatifs ou autre. Un facilitateur est un designer de démarches collaboratives permettant au groupe accompagné de trouver ses propres solutions. Et c’est par la mise en place de ces démarches qui nous oeuvrons au quotidien à faire évoluer les pratiques et à transformer les modes de fonctionnement de nos clients.

Le métier de facilitateur Vs l’état d’esprit de facilitateur

La facilitation telle qu’elle est décrite dans cet article est considérée comme un métier. Mais nous avons mis en avant que l’un des éléments les plus importants pour une facilitation efficace réside dans la posture du facilitateur. Cela veut-il dire que la facilitation peut également être un état d’esprit ? Quand on parle de leader-facilitateur par exemple, il ne s’agit pas d’un métier mais bien d’une casquette que porte le leader lorsque l’occasion s’y prête. En réalité, le leader-facilitateur — pour reprendre notre définition de départ — ne se positionne plus au dessus de ses équipes en donnant des ordres et des directives mais autour de ses équipes, au même niveau qu’eux pour amener le collectif vers un objectif commun. Le leader facilitateur applique certains principes de la facilitation dans son management au quotidien en reprenant les éléments de posture du métier de facilitateur. C’est-à-dire qu’il doit faire preuve de neutralité quand il prend sa casquette de facilitateur et doit laisser ses équipes s’exprimer sans orienter vers une décision en particulier. Il doit également faire preuve d’écoute et d’empathie envers ses équipes pour utiliser au mieux l’intelligence collective et aller vers un management plus humain. En d’autre termes, il doit changer d’état d’esprit notamment en s’inspirant du monde de la facilitation

Finalement, ce qui est complexe et riche en même temps c’est que la facilitation peut être plein de choses différentes :

  • La facilitation est un art dans le sens où on recherche l’harmonie parfaite dans le design du temps fort collaboratif
  • La facilitation est une méthode puisqu’elle fait appel à différentes techniques spécifiques d’animation et de collaboration
  • La facilitation est un process car il y a plusieurs temps essentiels à une facilitation efficace
  • La facilitation est un métier puisqu’elle demande une réelle expertise lorsqu’elle est utilisée au service d’une démarche globale
  • La facilitation est une posture et un état d’esprit que l’on peut adopter à tout moment…

En conclusion, si certains facilitateurs peuvent être des imposteurs, il ne fait aucun doute que la facilitation est avant tout un état d’esprit, une posture que l’on peut adopter dans de multiples occasions. En tout cas, la facilitation se démocratise et tant mieux ! Car chez YouMeO, nous sommes convaincus par 2 choses et c’est ce pour quoi nous travaillons au quotidien :

  • La facilitation est une pratique qui peut permettre aux entreprises d’être plus efficace, d’exploiter l’intelligence collective de leurs équipes et de renforcer l’engagement et la motivation des collaborateurs.
  • L’état d’esprit de la facilitation et le concept du leader-facilitateur doit se développer dans les entreprises pour permettre une organisation plus collaborative, plus humaine et aussi plus efficace.